AIDA
Intervention de Aurélie Peniau-Hellec,
ADOMA CDC-habitat, directrice du centre d’accueil d’Arnage.
Compte-rendu et photo AF
Le centre d’Arnage accueille, pour le moment, des personnes qui ont déjà obtenu, de la France, le statut de réfugié, avant même leur départ des camps de transit du Tchad. Ce statut est octroyé aux personnes dont la vie est menacée si elles restaient dans leur pays, le plus souvent du fait de la guerre.
La mission de la structure d’accueil est administrative : leur ouvrir les droits sociaux accordés aux bénéficiaires de ce statut, CMU, cours de langues, possibilité de travailler, RSA pour les plus de 25 ans. Ce statut de réfugié ouvre aux mêmes droits qu’un français, sans donner la nationalité.
Fin octobre environ 90 personnes vont arriver. Cette fois ci ce sont surtout des familles, principalement des femmes et leurs enfants, car souvent le père est porté disparu.
Depuis son ouverture l’automne dernier le centre a accueillis 140 personnes dont 40 jeunes entre 18 et 25 ans. Lors de la première phase ces jeunes ont été le plus souvent érythréens, au parcours difficile, avec plusieurs années de vie dans des camps. A leur arrivée en France ils sont très volontaires mais avec des niveaux d’études très hétérogènes. Certains ont le niveau bac et d’autres sont illettrés. Mais ils savent que leur arrivée ici est la chance de leur vie et que pour réussir et il leur faut maîtriser la langue et suivre une formation professionnelle.
48 personnes ont été réinstallées en Sarthe dont 18 de ces jeunes. L’engagement local était de 45 personnes. Les prochains arrivants ne resteront donc pas forcément ici, après ce séjour d’environ 3 mois au centre.
Madame la directrice fait allusion, sans la citer, à la pyramide des besoins selon Maslow. Si classiquement il est dit que le premier besoin de l’homme est de se nourrir et d’avoir un toit, avec l’expérience elle pense qu’il faut ajouter l’accès à internet qui permet de garder le lien familial. Elle témoigne que sitôt arrivés dans le centre leur obsession est de contacter leur famille pour la rassurer. Dans ce contexte notre club, qui a financé l’équipement wifi, a rendu un immense service. En effet certains utilisaient les 5 € par jour alloués à la nourriture pour l’achat d’une carte SIM pas toujours adaptée au Pays vers lequel ils voulaient appeler. Beaucoup aussi déambulaient dans la ville d’Arnage à la recherche d’un signal wifi utilisable, ce qui constituait un facteur de méfiance de la part de la population locale. Au total cette installation a contribué pour une grande partie à apaiser le climat à l’intérieur de l’établissement.
Ce ressenti du besoin de connexion internet a été remarqué aussi dans les autres centres si bien que les Autorités ont décidé de financer cet équipement pour tous les centres d’accueil ADOMA. La mise en service de ce nouvel équipement est imminente et dès sa mise en route nous pourrons résilier l’abonnement internet.
Pour revenir sur l’arrivée prochaine de nouveaux réfugiés il faut comprendre que passer en 3 jours d’un camp au Tchad dans lequel on a vécu plusieurs années à un hôtel F1 à Arnage, via une courte escale au Niger, constitue un choc brutal.
Une fois arrivés les 2 principales difficultés sont la barrière de la langue et le rapport au temps. La vie occidentale est rythmée par des horaires très précis et finalement très contraignants. Les person
nes qui arrivent ne connaissent pas ces contraintes horaires, elles se lèvent quand elles se lèvent et elles déjeunent, le plus souvent un repas par jour, quand elles ont faim, souvent vers 4 heures de l’après-midi. Il y a un gros travail de pédagogie à faire de la part de l’équipe du centre pour faire comprendre « qu’avant l’heure ce n’est pas l’heure et après l’heure c’est plus l’heure ». La directrice exprime aussi la nécessité d’organiser la transmission des valeurs de la société française. Mais celle-ci ne peut se faire avant l’apprentissage de la langue. Cette étape reste l’étape prioritaire or l’accès aux cours officiels ne sera possible qu’en toute fin de séjour une fois tous les papiers régularisés.
En conclusion de l’intervention de Madame la directrice Jean-Bernard conclut :
- Nous pourrions constituer un groupe de volontaires disponibles pour consacrer 1 heure par semaine à l’initiation au français durant la période de mi-novembre à fin janvier.
- Nous devrions réfléchir à comment commencer à transmettre les savoirs vivre de base de la société française avant même la maitrise du français
- A moyen terme il serait intéressant d’entrer en relation avec les clubs Rotary des villes dans lesquels les réfugiés que nous avons pris en charge vont s’implanter.
Les personnes intéressées par les cours de français pourront s’appuyer sur des outils dont dispose l’association AGAFi . Une séance de découverte de la pédagogie de l’apprentissage du Français sera organisée fin octobre. Hervé Marie propose aussi l’aide de la pastorale des migrants qui organise aussi des cours.
Les inscriptions des volontaires pour donner des cours d’initiation sont à faire à Alain foret.